Tata Milouda, mon stylo, mon cahier

Ecoutez Tata Milouda :

Lorsque j’étais petite j’aurais aimé aller à l’école

mais mes parents ne voulaient pas

parce que j’étais fille

[…]

J’avais rêvé de prendre un stylo un cahier

A mon époque je ne trouvais pas mon stylo mon cahier

A 50 je trouve mon stylo mon cahier

[…]

grâce aux cours d’alphabétisation

[…]

Ecoutez Tata Milouda slamer !

(entendue ce dimanche sur France Inter dans l’émission Crumble de Marie-Pierre Planchon)

L’espace MySpace de Tata Milouda

Match Arnaud Fleurent-Didier / Superflu

Gros coup de coeur ce matin en entendant Arnaud Fleurent-Didier chanter. Ses textes s’insinuent dans une partie de ce que nous avons vécu d’intime entre parents et enfants ces 10, 20, 30 dernières années. Education, transmission, passage entre générations, bilan mitigé. Il se pose des questions. Il regrette. Inventorie. Ce que lui  ont donné ses parents. Il ne va pas jusqu’à aborder de front les thèmes barbelés de la vraie misère : perte d’emploi, de logement, rue, maladie. Il reste assez soft même si ses textes sont (potentiellement…) plus insidieux qu’ils n’en ont l’air. Et sur des musiques pop douces. Il devrait donc être aussi consensuel que Delerm. Avec son talent d’écriture et de composition, il  faut l’encourager à d’autres explorations.

Cette qualité d’écriture est l’occasion d’évoquer un groupe fort littéraire des années 90 qui lui n’a jamais accédé au succès très grand public, Superflu, aux chansons (entre autres d’amour) très nostalgiques. Dieu que j’ai aimé Superflu ! Si vous en avez l’occasion, procurez-vous leurs CD.

D’abord Superflu avec Et puis après on verra bien, puis France Culture, la chanson d’Arnaud Fleurent-Didier très tendance en ce moment. On y va :

Abdel Hafed Benotman

Le journal Le Monde vient de mettre en ligne un très très bon documentaire multimédia « Le corps en prison« .

Des ex prisonniers témoignent des atteintes de la prison et du système carcéral sur leur corps. Force brute de leurs voix, de ce qu’elles disent et de leur texture. Sobriété du reste autour, photos noir et blanc, sommaire en forme d’inventaire. Difficile de ne pas mettre en rapport ces témoignages avec les proclamations des corps en liberté dans les rues en ce début d’été.

Parmi ces témoins, Abdel Hafed Benotman, auteur de romans et nouvelles noirs remarquables publiés dans l’excellente collection Rivages/Noir dirigée par François Guérif :

  • Les poteaux de torture, nouvelles
  • Les forcenés, nouvelles
  • Marche de nuit sans lune, roman

Dureté, humour, tendresse. Lisez ses romans et vous aurez forcément envie de lire :

  • Eboueur sur échafaud, récit autobiographique

pour en savoir plus sur cet écrivain remarquable dont la vie est tellement marquée par les conséquences de la guerre d’Algérie, le racisme et le mécanisme de la double peine.

J’aime le train

Ce lundi matin, gare de Part Dieu, un homme devant la rame fait signe à quelqu’un à l’intérieur. Quand le TGV part, une jeune femme se met à courir sur le quai en agitant la main, elle suit le train le plus longtemps possible.

Ce lundi matin dans cette gare, un commando de jeunes gens. Combinaisons blanches, dans le dos slogan « J’aime le train ». A chaque train qui arrive, ils foncent sur les voyageurs et les applaudissent à tout rompre en leur criant des slogans de bienvenue. Impossible de deviner ce que ressent chacun de ces voyageurs. Personne ne rit ni ne sourit. Visages fermés. Quant à moi qui vais prendre mon train, je me sens gêné. Mal à l’aise.

Dans mon train au départ, assis derrière ma vitre, je pense à tous les moments que j’ai vécus là, les week-ends où j’ai retrouvé et accompagné mes enfants ici, mes parents derrière la vitre repartant vers la Bourgogne, des départs en vacances avec l’être aimé. Je vois cet homme qui fait signe, sans doute à un enfant, à cette jeune femme qui court le long du train. En quoi la mise en scène du commando « J’aime le train » pourrait-elle me faire aimer encore plus le train que tous ces moments de mon histoire intime ?

Et les cheminots ? Comme ils travaillent bien ! Trains presque toujours à l’heure. Sans oublier les techniciens, les ingénieurs qui imaginent les boggies, les caténaires, les moteurs synchrones, les voies ferrées avec leurs rayons de courbure parfaits. Et les agents toujours disponibles, très souvent gentils. Oui, gentils. Humains. Des pros.

Voici ce que j’aime : ces souvenirs, ces hommes.

La chanson (gaie) de la crise

« L’homme parle », drôle de nom pour un groupe. Un nom parlant, oui. Ecoutez sa chanson « La crise », teaser de son album « Militants du quotidien », sortie 15 juin. La chanson de la crise. Crise qui rime avec surprise car :

La vie est pleine de surprises

pour ceux qui connaissent la crise

« La crise » est une chanson gaie, entraînante, fabriquée des mots qui plombent notre quotidien radiotéléjournaux depuis des mois, qui dit la totale désillusion de de de… mais de qui ?… au choix, désillusion d’une génération, d’un peuple, de la « France d’en bas », oui, la fin des quelques illusions qui demeurèrent les dernières. Reste comme le glisse la chanson sur le net :

On est vivant, qu’est-ce que tu veux de mieux ?

Alors on danse sur le monde en morceaux.

A écouter absolument pour pas criser seul dans son coin coin, pour se (re)gonfler la vie, en attendant l’album le 15 juin.

La page MySpace de « L »homme parle » : http://www.myspace.com/lhommeparle