Google, grosse paresse et pensée profonde

Stimulant article au titre réduc’ et provoc’ que cet Internet et Google vont-ils finir par nous abrutir ?, traduit par des bénévoles (dans une démarche open source) d’un article américain, Is Google Making Us Stupid ?, repris par Le Monde et donc cautionné et porté à un plus large public.

En gros, l’article pose cette question : Sommes-nous encore capable d’avoir une pensée profonde ?

Visuel DR Lignesdevie

L’article pointe l’incapacité de nombreux convertis à Internet à désormais lire des livres, fascinés qu’ils sont par le butinage, le surf, l’absorption dans les réseaux sociaux, etc.

Internet empêcherait donc de penser.

Bon, posons-nous et appuyons sur REWIND… Remontons au moment où nous étions écolier, collégien, lycéen, voire étudiant… avant Internet pour la plupart d’entre nous. Etions-nous davantage capable de nous concentrer ? de ne pas zapper dans une BD, un bouquin, la télé, un glandage quelconque au lieu de bosser, réviser, travailler ?

Idem pour ceux d’entre nous qui exercent une profession intellectuelle, a priori des pros de la pensée profonde. Ecrire un rapport, une étude, un article, une fiction, etc. demande de la concentration, de ne pas se lever toutes les dix minutes pour aller boire un verre d’eau (ou d’autre chose), lire le journal, écouter en même temps la radio, etc. a fortiori lire son courrier électronique, son Twitter, son Facebook and co.

Avoir une pensée profonde, en fait,  – ce que ne dit pas cet article – c’est travailler, se coller à son clavier, à sa souris, écrire, dessiner, concevoir, rédiger, etc. Et c’est dur, cela exige de s’y mettre à fond, de ne rien faire d’autre.

Soyons honnêtes (moi le premier), Internet et ses avatars Google, Facebook, iPhone n’ont rien à voir dans le fait d’avoir ou non une pensée profonde. Ils sont seulement des prétextes en plus de tous les autres prétextes pour ne pas me mettre au travail lorsque je manque de courage… ou, lorsque j’ai réussi à m’y mettre, pour m’accorder une petite pause.

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J’aime le train

Ce lundi matin, gare de Part Dieu, un homme devant la rame fait signe à quelqu’un à l’intérieur. Quand le TGV part, une jeune femme se met à courir sur le quai en agitant la main, elle suit le train le plus longtemps possible.

Ce lundi matin dans cette gare, un commando de jeunes gens. Combinaisons blanches, dans le dos slogan « J’aime le train ». A chaque train qui arrive, ils foncent sur les voyageurs et les applaudissent à tout rompre en leur criant des slogans de bienvenue. Impossible de deviner ce que ressent chacun de ces voyageurs. Personne ne rit ni ne sourit. Visages fermés. Quant à moi qui vais prendre mon train, je me sens gêné. Mal à l’aise.

Dans mon train au départ, assis derrière ma vitre, je pense à tous les moments que j’ai vécus là, les week-ends où j’ai retrouvé et accompagné mes enfants ici, mes parents derrière la vitre repartant vers la Bourgogne, des départs en vacances avec l’être aimé. Je vois cet homme qui fait signe, sans doute à un enfant, à cette jeune femme qui court le long du train. En quoi la mise en scène du commando « J’aime le train » pourrait-elle me faire aimer encore plus le train que tous ces moments de mon histoire intime ?

Et les cheminots ? Comme ils travaillent bien ! Trains presque toujours à l’heure. Sans oublier les techniciens, les ingénieurs qui imaginent les boggies, les caténaires, les moteurs synchrones, les voies ferrées avec leurs rayons de courbure parfaits. Et les agents toujours disponibles, très souvent gentils. Oui, gentils. Humains. Des pros.

Voici ce que j’aime : ces souvenirs, ces hommes.