Auto-radio

Hier soir, à un feu, j’attendais à vélo le passage au vert.
Une Porsche Carrera s’est arrêtée près de moi.
Dans l’habitacle, sur la planche du tableau de bord, un écran allumé,
orange comme du cuivre, chaud dans la nuit.
Sur l’écran affiché en gros : NOSTALGI
Nostalgie sans E à la fin.

Rouler dans la ville avec cet écran orange,
les voix jeunes de chanteurs devenus vieux,
et,
sous le capot,
612 chevaux.

Voyage avec une voix

Une voix à la radio. Ses intonations. Sa tessiture. Ses silences entre chaque phrase. Ou ses silences inattendus, pour réfléchir. C’est ça la radio. La grande qualité de la radio. Particulièrement de la radio publique où le temps est donné aux interviewés de répondre aux questions qui leur sont posées. Où il y a du temps. Ce n’est pas une défense du service public. Juste un constat. La qualité de ces radios. Qualité technique des enregistrements. qualité éditoriale.

Ce soir, je traversais Lyon en voiture et j’écoutais en roulant France Inter,  « Portrait d’ANNETTE, française dans la terreur stalinienne » (Réalisation : Michelle SOULIER). Il y avait ce temps laissé à cette vieille dame qui évoquait ses souvenirs, son atterrissage au Bourget en 1946. La qualité de l’enregistrement de sa voix. A travers lui son âge. Son travail de remémoration. J’étais au Bourget en 1946. Elle se souvenait des petites fleurs sur la pelouse de l’aérodrome lors de son atterrissage avec ses deux filles. Elle parlait de sa peur permanente d’être retrouvée ensuite. Reprise. Ce sont des moments comme ça qui font le miracle de la radio.

Avez-vous ce genre de souvenir ? Un voyage en voiture avec une voix. Ou chez vous. Cette émotion de quelqu’un qui s’adresse à vous. Une voix.