Pourquoi pourquoi l’origine du langage

Bernard Victorri – L’origine du langage from O·H·N·K on Vimeo.

À supposer que Bernard Victorri, directeur de recherches au CNRS, dont la conférence de vulgarisation scientifique L’origine du langage a été publiée hier par Le Monde ait fait un jogging ce dimanche matin vers dix heures quinze au Parc de la Tête d’Or à Lyon, plus précisément dans les environs de l’entrée du côté boulevard des Belges, le seizième arrondissement lyonnais, mais cela n’a rien à voir avec les origines du langage, il aurait entendu un garçon de quatre ou cinq ans poser en pédalant des questions à son père, d’abord sur les raisons du décès du frère de son grand-père à l’âge d’un an, « Il avait de l’eau dans le cerveau, a dit le père, ce serait maintenant on pourrait le soigner » puis sur le cerveau lui-même ce qui aurait pu amener un sourire amusé sur le visage en sueur de Bernard Victorri repensant à son argumentation en trois points solidement étayés, à savoir la capacité des langues humaines à emboîter des phrases les unes dans les autres, à dérouler dans une même phrase des événements situés dans des temps différents et enfin à nuancer des assertions, trois arguments qu’au terme de sa conférence il a ramassé dans la supposition que les langues serviraient à l’humanité à raconter des histoires et, tout en courant à petites foulées économes sur l’allée de ceinture du parc jonchée de feuilles mortes, aurait-il sans doute découvert que toutes ses explications disertes durant cette conférence tenaient dans ce mot de ce gamin, « pourquoi », et se serait-il souvenu du nombre de pourquoi qu’un gamin pose et des trésors de langage nécessaires pour lui répondre, puis il en serait alors arrivé à ses propres pourquoi que lui, Bernard Victorri, directeur de recherches au CNRS en linguistique, à passer sa vie à formuler et explorer en utilisant le langage.

Conférence L’origine du langage donnée par Barnard Victorri en janvier 2014 dans le cadre de Les Ernest, 15 minutes pour changer notre vision du monde.

quand vient la nuit

la connaissance des arts ne saurait la satisfaire
pas plus que la liste officielle des spectacles
ou fumer de l’herbe
quand vient la nuit
elle vérifie l’effet de son gloss dans le tain des vitres
.
Paris, ligne 6

Image : Natural Pulchritude by fotomonta (Creative Commons Attribution Noncommercial-No Derivative Works 3.0 License) sur DeviantArt


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La forme Poèmes de métro a été inventée par Jacques Jouet, membre de l’Oulipo.

Êtes-vous un (ou une) employé ?

Salary_vs_Enjoyment

Image by Jonas sur 2×2 – A Strategic Guide to Life under Creative Commons Attribution-NonCommercial 2.5 License.

personnages

cheveux blonds casquette à l’envers
pompes noires chaussettes noires et costard noir
mains tatouées lunettes sur la nuque besace Diesel
tresse torsadée en chignon téléphone dans une langue slave
chapeau melon écouteurs
en face dans le tain de la vitre ma propre image

les clowns

ce poème comporte quatre lignes de métro
la trois la quatre la un et celle-ci
on y a le goût de la discrétion
les clowns ne font plus rire du tout

métronome

ce matin quatre novembre le métro roule au ralenti
des ouvriers démontent les panneaux publicitaires dans les stations
les passagers sont obligés d’ouvrir eux-mêmes les portes
un bruit de ferraille revient sans cesse tel un métronome
évoquant le grincement des charrettes d’antan
au centre du wagon apparaît un jeune homme aux cheveux très longs barbe et moustache d’adolescent

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personnages

      personnages.mp3

les clowns

      les_clowns.mp3

métronome

      metronome.mp3

Ligne 8, Paris

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La forme Poèmes de métro a été inventée par Jacques Jouet, membre de l’Oulipo.

rester vivants

nous avons baisé tard dans la nuit et tôt ce matin
mon sexe est petit et frais
je me souviens d’un roman où le héros se moquait de son chef un matin en arrivant à son travail :
   « s’agissant de baiser chef, là, je te cloue » (il le disait intérieurement bien sûr)
pour la première fois de ma vie j’aimerais avoir des cicatrices sur ma gueule
comme ça… pour avoir l’air de
un bébé dans mes bras
n’imaginant pas plus loin que ce moment présent
où lui et moi traversons les quartiers de la ville et son fleuve
corps vides de pensées
entre mes cuisses et mon ventre ce lieu mystérieux
on a tous une bonne raison de rester vivants

 

Image : Tattoo by icoman (CC BY-NC 3.0) sur DeviantArt


Ligne 6, Paris

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La forme Poèmes de métro a été inventée par Jacques Jouet, membre de l’Oulipo.

contraire, couleur souris, acheter (3 autres poèmes de métro)

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contraire

prendre ce métro en sens contraire
mais constater qu’autour de soi aucun passager n’est inquiet
certains descendant néanmoins à chaque station
faisant sans doute discrètement demi-tour
d’autres montant tout aussi calmes les remplaçant
ayant sans doute eux aussi rebroussé chemin mais dans l’autre sens
il est plus que temps maintenant de retourner à ton départ
prendre ce métro en sens contraire

.

couleur souris

caban souris / jeans tuyau délavé
chemise rayures / cravate à points bleus
mastic crème / écharpe lin / cheveux neige
anorak noir matelassé / col faux velours
veste cintrée / collier perles / béret clair
sweet fluo / pantalon à bandes Adidas / Nikes rose
imper pistache / blouson pétrole
manteau sable / porte bébé ventral bleu foncé
capuche bébé même couleur souris que le caban tout à l’heure

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acheter

acheter des packs d’eau des Alpes pour livraison à domicile
un scanner photo sur Le Bon Coin
des cartes de visite en promotion
un billet en tribune d’honneur pour France-Argentine
une formation en anglais chez Wall Street Intitute
des billets coupe-file pour le Salon du chocolat
des tenues de camouflage pour les week-ends à la campagne

 

Sur les lignes 6 et 8 à Paris

Un premier poème de métro : Mon chien — Les poèmes de métro publiés ici sont regroupés sur le tag poemes-de-metro

La forme Poèmes de métro a été inventée par Jacques Jouet, membre de l’Oulipo.