Zone centrale dans Dissonances

Zone Centrale dans Revue Dissonances n°24

Zone centrale

Ce bleu fascinait Pierre, au début. Le bleu Tcherenkov. Les mots lui manquaient alors pour en parler. Ma main est froide sur la commande du pont roulant. Il avance à une allure d’escargot, encore une quinzaine de mètres. Pierre est mort cette nuit. Ils ont emporté son corps dans une civière étanche et je suis restée seule, avec son âme et la mienne. Tous deux, nous avons remonté la berge du fleuve dans la nuit blanchissante. Des oiseaux chantaient dans les ramures et d’autres, des oiseaux d’eau à grandes ailes, traversaient le ciel. Je ne reconnaissais rien, je savais tout. La petite chapelle où nous nous arrêtions à vélo. Les trouées sur l’autre rive. Les coudes élimés du chemin, ses fondrières ocre. Puis, soudain, après un bosquet de coudriers, les rangées de barbelés. De l’autre côté, la route de ceinture intérieure et les patrouilles. Puis au loin, mais semblant proches, les coquetiers des quatre tours de refroidissement. Leur lente fumée allégorique d’un temps paisible.

Suite de ma nouvelle Zone centrale dans le numéro Été 2013 de la Revue Dissonances en compagnie de 19 autres textes courts ou longs illustrés par Charlotte Mollet. Thème commun : le mal.

On trouve Dissonances en librairies, une dizaine à Paris, Point d’Encrages à Lyon, Aux Mots Bleus à Bordeaux et dans pas mal d’autres endroits sauf à Toulouse où j’ai pourtant beaucoup d’amis. Pour eux et les autres, on peut s’abonner, commander des numéros sur le site de la revue ou la contacter par Facebook.

Revue Dissonances n°24, Été 2013, 4 ou 5 euros