Vases communicants avec Marianne Desroziers, Fonds marins

No more fish, Barbara Albeck
No more fish, Barbara Albeck

Plaisir d’échanger pour la première fois avec Marianne Desroziers dans ces Vases communicants de janvier 2014. Le principe des vases communicants ? Deux partenaires qui écrivent l’un chez l’autre le premier vendredi du mois. En ce premier vendredi de 2014, Marianne ici, moi chez elle (en attendant que Marianne ait accès à Internet, ma contribution est visible ici : http://youtu.be/pfvxfojl3YI). La liste de tous les échanges est ici, grâce à Brigitte Célérier. Marianne m’a proposé d’écrire à partir d’une photo (ci-dessus) de Barbara Albeck, http://antigoneuh.tumblr.com/. Nous ne sommes donc pas deux partenaires, mais trois.

Fonds marins

L’eau était glacée. Des blocs de glaces flottaient autour d’elle. Elle avait froid, grelottait. Ses lèvres bleuissaient tandis qu’elle s’imaginait faisant naufrage dans l’Antarctique. Elle essayait de flotter mais rester à la surface de l’eau lui demandait beaucoup d’efforts. Ses muscles commençaient à se tétaniser. Son souffle se faisait de plus en plus court.

Que lui était-il arrivé ? Elle ne se souvenait de rien.  Une de ses jambes heurta quelque chose qu’elle ne parvint pas à identifier puis elle sentit une douleur aigüe.  L’eau se colorait de rouge. Elle saignait. Elle allait mourir en mer, en aventurière, comme les grands navigateurs qui l’avaient fait rêver enfant. Ce serait une belle mort, héroïque et grandiose. Son dos cogna tout à coup ce qu’elle identifia comme une paroi. Elle s’y agrippa de toutes ses forces. Elle se hissa et parvint à sortir la tête de l’eau.

La paroi en verre était glissante mais elle parvint quand même à extirper son corps en entier et à passer de l’autre côté. Une fois sur la terre ferme, elle regarda autour d’elle. Elle ne reconnaissait rien des énormes tables, fauteuils, canapés, bibliothèques, rideaux et tapis qui peuplaient la maison. Celle-ci semblait abandonnée depuis longtemps déjà. C’était comme si ses habitants étaient partis en catastrophe, laissant tout en l’état. Elle essora ses cheveux plein d’algues vertes. L’eau dégoulinait le long de son corps,  sur la table en chêne sur laquelle elle se trouvait. Elle se retourna et  comprit qu’elle venait de sortir d’un aquarium gelé au fond duquel gisait un poisson mort.

Marianne Desroziers

Le site de Marianne :  http://mariannedesroziers.blogspot.fr/