Altération et altérité

Ce soir, en passant devant une librairie, j’ai remarqué dans la vitrine à quelques livres de distance le voisinage de deux mots : altérité et et altération. L’un sur un livre dont j’ai perdu le titre. L’autre à propos d’un dont j’ai aussi perdu le titre. Mais je me souviens de ça : altérité/altération. Je n’avais jamais remarqué leur racine commune. Selon mon Robert, ils viennent tous deux du bas latin : le premier de alteritas et le second de alteratio. Je n’ai pas pu creuser plus loin. Et j’ai résisté à la tentation de rapprocher le « autre » qui a donné naissance à altérité de altération. Pourtant, au sens premier du mot, devenu rare, altération signifie « changement, modification ». Alors qu’au sens commun et actuel, altération signifie dégradation. Voici de quoi méditer sur la peur que je peux, que nous pouvons (parfois ?) avoir de nous perdre en nous ouvrant à l’autre, de nous altérer.

DR GB
DR Lignes de Vie

PS : remarquons encore l’infinie subtilité de la langue française qui a tiré de « altérer » le verbe « désaltérer » !


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Voyage avec une voix

Une voix à la radio. Ses intonations. Sa tessiture. Ses silences entre chaque phrase. Ou ses silences inattendus, pour réfléchir. C’est ça la radio. La grande qualité de la radio. Particulièrement de la radio publique où le temps est donné aux interviewés de répondre aux questions qui leur sont posées. Où il y a du temps. Ce n’est pas une défense du service public. Juste un constat. La qualité de ces radios. Qualité technique des enregistrements. qualité éditoriale.

Ce soir, je traversais Lyon en voiture et j’écoutais en roulant France Inter,  « Portrait d’ANNETTE, française dans la terreur stalinienne » (Réalisation : Michelle SOULIER). Il y avait ce temps laissé à cette vieille dame qui évoquait ses souvenirs, son atterrissage au Bourget en 1946. La qualité de l’enregistrement de sa voix. A travers lui son âge. Son travail de remémoration. J’étais au Bourget en 1946. Elle se souvenait des petites fleurs sur la pelouse de l’aérodrome lors de son atterrissage avec ses deux filles. Elle parlait de sa peur permanente d’être retrouvée ensuite. Reprise. Ce sont des moments comme ça qui font le miracle de la radio.

Avez-vous ce genre de souvenir ? Un voyage en voiture avec une voix. Ou chez vous. Cette émotion de quelqu’un qui s’adresse à vous. Une voix.