Où nos ombres s’épousent, Stéphane Bataillon

Il l’a perdue, il lui a écrit des poèmes. À qui écrit-on lorsqu’on s’adresse à celle ou celui qui est parti ? C’est le premier recueil de Stéphane Bataillon. Une langue simple. Celle de nous tous. Aucun cri. La peine bordée. Juste parfois quelques clichés poétiques, un maréchal-ferrant, une meute, une flamme de bougie, mais je suis rarement bon public. Ce recueil caresse d’une main attentive ce sujet si souvent abordé.

Je n’ai pas la douleur

Je n’ai pas le besoin

et je n’ai pas l’exil

J’ai juste perdu

celle que j’aimais.

page 11,

et

Bien sûr, l’asphyxie

Bien sûr, le pourquoi

crier sans voix au fond de l’ombre

Mais quelque chose

qui nous dit d’attendre

Que nous devrons nommer

Quelque chose de simple.

page 17, et encore

Conserver seulement

ce qui est nécessaire

Ne garder que les mots

et puis les écouter.

page 25, et enfin, sur une touche romantique, page 69

Une étendue de sable

La mer au loin. Du vent.

L’image se brouille

Tu te penches pour ramasser

un galet, puis deux

Tu récoltes avec soin

ces vieux témoins du monde

Comme s’ils pouvaient se fendre

et comme si ta chaleur

assurait leur survie

Tu me dis :

«C’est important, les galets »

Tu es belle.

Où nos ombres s’épousent, Stéphane Bataillon, éd. Bruno Doucey, 93 pages, 10€

Le site de Stéphane Bataillon : www.stephanebataillon.com