Maman courait en tête

Tout était prêt quand je rentrais
une assiette avec une entrée ou sur la gazinière une casserole de soupe
toute petite la casserole avec son couvercle brillant
j’allumais dessous il y avait aussi un bol sur la table
quand je versais le contenu de la casserole dedans
la soupe arrivait pile au bord
ni plus bas ni en excès
elle était comme ça maman
exacte

Il y avait trois tranches de pain enveloppées dans la serviette
pour qu’elles soient fraîches
une pomme ou un autre fruit des noix une banane
une portion de fromage blanc à ma mesure
et un plat de résistance dans le poêlon prêt lui aussi sur la gazinière
chaque récipient avait la dimension ad hoc
la casserole de soupe le bol le poêlon et pour la pomme une soucoupe
elle était comme ça maman
exacte

J’étais le dernier d’une fratrie
je prenais cette exactitude pour de l’attention
maman m’aime pensais-je
j’ai dépassé l’âge qu’elle avait
j’ai essayé différentes vies
ces derniers temps j’ai changé d’avis
ce n’était ni amour ni exactitude
maman courait en tête
pour que je sois rassuré me dis-je
et être rassurée de savoir où j’allais comme ça

A-t-elle été heureuse
la course nécessite un perpétuel déséquilibre
Je vis avec une autre femme
tout est prêt quand je rentre
je croyais mon enfance si loin
elle voulait être comme ça maman
devant

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Publié par

Gilles Bertin

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4 réflexions au sujet de « Maman courait en tête »

  1. @Frédérique : hasard des dates, ce texte n’a pas été écrit pour cette fête.

    Précision pour tous les lecteurs : ce texte n’est ni autofictionnel (je ne pratique pas ce genre) ni autobiographique.

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