Pour vous donner le désir de la poésie de Nadia Le Roux, j’ai voulu extraire des pépites de son recueil Mauvais jeux. Mais bernique nique ! Dur dur d’en prendre un ou deux vers isolés. Sa poésie résiste au tronçonnage. Les citations qui suivent sont des flashes de stroboscope sur une piste de danse. Des éclats furieux et sensuels. Tels dans ce poème qui donne son titre au recueil :
J’ai mal au jeu tu sais
Mal à l’eau qui jaillit tout bas du bas
du ventre
Amer-indien dit plus de nos vies d’aujourd’hui que tous les bulletins d’infos radio ou télé. Premier et dernier vers :
Nos vies coulent sur des tables de fortune.
[…]
C’est seulement un changement de monde.
Dans un long et secouant poème dialogué, Mai, songe et réalité, Nadia Le Roux prend le plein temps de la rencontre avec une des Mères de la Place de mai :
Je suis assise devant elle, elle sourit
et me sert un verre de vin, la soirée
est douce, nous sommes allées
visiter la ville auparavant, je suis un
peu fatiguée et elle aussi, elle m’a
montré son foulard blanc et j’ai à ce
moment là eu la nette sensation de
toucher du regard quelque chose
d’important, de trop important pour
moi peut-être.
Ce sont des hommes du même bord qu’évoque Les clowns blancs, des hommes simples, pas des hommes de la société du spectacle :
Une sueur étouffée perle sous les maquillages des animaux
Hommes nains
Les soirs sont souvent lourds d’un air puant d’urine
Brûlant de fatigue invisible.
Nadia Le Roux sait aussi l’amour. L’écrire. Comme dans ce sublime et très court J’ai qui commence par :
Ton chaos infini aux cils
Tes vapeurs et ta sueur en peau
J’ai la raison en ruines.
Nadia Le Roux a reçu de nombreux prix. C’est ainsi que je l’ai croisée au Rencontres 2010 de l’Ecritoire d’Estieugues. Moi, avec Ma Veste, lauréatisée en nouvelles et elle, distinguée par un premier prix des lycéens en poésie. Nadia Le Roux est comme sa poésie, attachante, mouvante, entièrement là, dans le moment présent. Sensible.
Où est ta peau ? Où sont tes mains ?
L’imagination se sauve et je pense à
ma soif.
Mauvais jeux, Nadia Le Roux – Contact sur son site : http://nadlrx.skyrock.com/
Je le note.
Belle découverte, ces quelques vers donnent l’eau à la bouche.
Merci Gilles de prendre l etemps de nous parler de poésie. « J’ai la raison en ruines », je garde, c’est trés fort.
Elle est bien, n’est-ce pas !
Ca vous en donne des frissons tant les mots et les images sont forts.
Elle est + que » bien « , elle vous soulève la peau du corps.
Merci encore, Gilles, pour cette critique inattendue et savoureuse (surtout pour moi):).
A plus, comme on dit, à Lyon ou ailleurs.
Amitiés.
Nadia, la poésie c’est ça, tout ou rien, on aime on n’aime pas, c’est entier, sûr que t’es d’accord.
Oui ! 🙂